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mercredi 18 mai 2016

Tabou ?

Cela fait un mois et demi que Andalou est sorti! Je découvre la vie d'auteur édité.
C'est confortable parce que je ne me soucie pas de la mise en ligne, ni des plateformes, nombreuses, où on peut le trouver. C'est une prise de tête en moins.
C'est déstabilisant parce que je ne sais pas comment cela se passe au niveau des ventes, mon bébé est hors de mon contrôle et ça me manque un peu. Aux dernières nouvelles, ce ne sera pas un best seller, enfin, pas tout de suite!
Les chroniques sont plutôt bonnes jusqu'à présent, je vais peut-être les répertorier sur la page du blog consacrée à ce titre.
Mais alors où est-ce que ça coince?
Devinez?


Le monde de la corrida ne fait pas recette.
 Oser en parler vraiment, c'est prendre le risque de se voir cataloguer de monstre! Tout le monde campe sur ses positions et refuse d'écouter l'autre. C'est affligeant, c'est ce qu'on appelle un sujet tabou. Ouvrir son esprit à ce sujet, c'est risquer de glisser vers l'infâme. On voit chaque jour dans les médias, des séries qui sondent le plus obscur de l'âme humaine, les esprits criminels qui torturent, violent, tuent; On veut savoir ce qui les poussent à faire autant d'horreurs. Mais dès qu'on prononce le mot corrida, il n'y a plus aucune explication à donner, plus de tentative de compréhension, rideaux.
J'ai osé choisir un héros qui est torero, mais quel esprit barbare, quelle honte, quelle abomination! J'aurais mieux fait de choisir un sérial killer et de conter avec délectation, la manière dont il dépèce ses victimes! Cela n'aurait choqué personne!
La crispation sur ce sujet m'amène parfois à défendre quelque chose que je réprouve, c'est du moins l'impression que cela peut donner.
Quel étrange paradoxe!
Les pages Facebook sont inondée de propagande "anti" que je ne relève pas (et c'est dur), non pas que j'ai envie de la défendre, vous me connaissez, mais parce que j'en ai assez de lire des bêtises à ce sujet. Je veux bien qu'on soit contre, comme je le suis, mais pas à grand renfort de mensonges, d'où le terme choisi de "propagande".
Oui, j'ai vu moi-aussi, ce film d'étudiants mexicains immobiles dans une arène alors qu'on y lâche un taureau!
Et c'est là que ça commence: un taureau?  Ça?
Non, messieurs et mesdames les anti, ce qui circule dans cette arène est un veau de deux ans maximum, n'ayant encore développé aucun des instincts qui le poussent à combattre.

Ensuite, oui, l'immobilité calme les ardeurs du plus féroce des prédateurs (dont le taureau ne fait pas partie, je sais, c'est un herbivore!!), c'est de l'éthologie. Lâchez un lion, un tigre, un ours ou bien restez immobile au milieu d'un banc de requin, ce sera toujours le même résultat, vous ne serez pas perçu comme un être vivant, donc pas comme une proie, ou un intrus sur un territoire, ni une menace. Et vous ne serez pas attaqué. Cela reviendrait-il à dire que le lion, le tigre ou le requin sont parfaitement inoffensifs?
Ici, l'effet est accentué par la multitude. D'ailleurs on voit bien la vachette donner des coups de corne au hasard. S'il y avait eu une seule personne, l'animal aurait foncé dessus, sans savoir ce que c'est, sans volonté de tuer, je vous l'accorde.

Et enfin, il est dit sur le bandeau qui défile, que les taureaux sont "maltraités" avant d'entrer dans l'arène. Je pense que beaucoup de veaux, bœufs, agneaux, cochons, et poulets aimeraient être "maltraités" comme les taureaux de combats. Un taureau qui arrive aux arènes abîmé de quelque manière que ce soit est refusé. Un vétérinaire est là pour vérifier que le condamné est en parfaite santé et apte à se défendre. Oui, comme un condamné à la chaise électrique, on ne veut pas assassiner des malades, ce ne serait pas cool! (Enfin, pour le condamné à mort humain, être en état de se défendre ne lui servira à rien).
Donc, si on prend en compte la perte sèche financière de l'organisateur, ce n'est vraiment pas souhaitable de présenter un animal "maltraité". La seule maltraitance qu'il subit, outre le transport (et c'est un sujet à méditer dans le milieu du concours hippique, ou du cirque par exemple), c'est d'avoir été enfermé dans un endroit sombre (le toril) pour, au contraire, réduire une fureur légitime (n'oublions pas que jusque là, il était libre dans l'immensité de son champ et qu'on lui fichait une paix royale) qui l'amènerait à se briser les cornes en les plantant dans les parois de son enclos.
Alors oui, quand il entre dans l'arène, il est désorienté, il ne sait pas ce qu'il fait là, ni pourquoi il y est. Là-dessus, je suis d'accord. D'ailleurs, je ne sais pas si vous avez observé cette curieuse habitude qu'ont les toreros, de se munir d'un leurre qu'ils agitent sans cesse! Oui, vous voyez où je veux en venir, le capote du torero, lui, n'est pas immobile et c'est lui (et non pas la couleur) qui attire le taureau, qui le fait monter en agressivité et qui l'amène à frôler le torero de plus en plus. Celui qui va lui intimer l'ordre d'attaquer, c'est le picador....mais je ne veux pas ici décrire un acte barbare qui dégoûte tout le monde, moi y compris.
Ce que je sais, c'est que je ne descendrais sous aucun prétexte dans une arène face à un taureau adulte passablement énervé de ne plus être dans son champ. Je peux dire cela, parce que je suis allé les voir de près, histoire de ne pas, moi, raconter n'importe quoi quand je parle de corrida. J'ai été dans les élevages, pour voir de plus près l'origine du mal.
Alors je reconnais ne pas avoir fermé mon esprit et avoir cherché à comprendre (je n'ai pas dit" à aimer") ce qu'était la corrida, au delà de tout ce que je lisais ici ou là, dans un camp ou dans l'autre. Je me suis demandé pourquoi un rituel aussi sanguinaire et aussi absurde pouvait encore exister aujourd'hui.
Je refuse que la mort d'un animal soit un spectacle.
Mon âme a été tourmentée par ce sujet, au point que j'ai eu le désir d'en faire un roman.
Une histoire qui donnait à l’héroïne la fragilité qui est la mienne, l'indécision que l'on me reproche pourquoi? Parce que j'ai vu pire que la corrida, et dans le politiquement très correct.
Parce que derrière la corrida, il y a un amour inconsidéré des taureaux, oui, j'ai bien écrit "un amour", je sais, c'est absurde, je ne comprends pas plus que vous, mais c'est ainsi.
J'ai vu des espaces soustrais aux exigences économiques de l'agriculture intensive. L'Andalousie sans les taureaux, c'est 100% des terres cultivées et pas vraiment en bio si vous voyez ce que je veux dire,!
Vous voyez, je ne cite pas les dizaines d'emplois qui y sont liés, parce que dans le trafic d'animaux vivants ou à fourrure, il y a aussi des centaines d'emplois dont j'avoue ne rien avoir à faire. Non, je dis juste que l'élevage du taureau est garante de biodiversité et d'espace naturels protégés, que ça nous plaise ou non!
Et puis surtout, concentrer l'attention des défenseurs de la cause animale sur la corrida, permet de faire des horreurs dans les abattoirs, dans les élevages d'animaux de compagnie, dans la conduite de certaines meutes de chasse, dans les cirques, dans les centres équestres, tous ces endroits où on gagne sa vie grâce à eux...
Quelques fois en voulant bien faire on fait pire. Avez-vous déjà mis les pieds dans une SPA? Aïe, je vais trop loin? Tous les animaux que j'ai eu ces dernières années en viennent et je ne l'ai jamais regretté. Mais comment pensez-vous qu'il vive, le pauvre toutou, tout moche à force de se frotter au grillage, trop vieux pour qu'on prenne le risque de ses mauvaises habitudes? Croyez-vous qu'il soit heureux, celui qui saute inlassablement dans un coin de sa cage, avec le regard éteint du chien qui ne sera jamais adopté, parce qu'il est devenu fou, à force d'être enfermé?
Je sais combien ces associations sont valeureuses, combien elles sauvent des animaux maltraités pour de vrai, cette fois, mais pour en faire quoi? Etre enfermé pour le restant de ses jours, sorti une fois par semaine par des bénévoles? Je n'ai pas de solution, mais je ne peux m'empêcher de me poser la question.
La maltraitance animale est partout, même là où ne veut pas la voir: le toutou qui attend toute la journée seul, dans sa belle maison, que son maître rentre pour avoir un semblant de vie sociale, ou celui que l'on tire dans la rue parce qu'on n'a pas le temps d'attendre qu'il fasse pipi en respirant les pipis des autres, ou encore cet autre, toujours au bras de sa mémère qui l'aime tant, à qui il ne manque que la parole mais qui, s'il pouvait parler, demanderait juste de courir et se rouler dans la boue sans son foutu manteau - cheval dont on paye une pension exorbitante pour qu'il reste 23h /24 dans un box (l'heure qui manque, il est monté en manège), immobile, lui qui est physiologiquement fait pour marcher toute la journée, manger toute la journée, avec ses congénères pour lui gratter le dos de temps en temps et qui finit par danser d'un pied sur l'autre ou par mordre la porte du box pour se distraire -  cheval de course, enrêné pour contraindre son galop, quand sa génétique de trotteur n'est pas suffisante (tiens au fait, pas de mouvement anti PMU?) - dauphin de marineland qui réjouit tant les enfants, enfermé dans un bassin exiguë, torturé par les ondes de son écholocalisation, lui qui est fait pour nager dans l'espace infini de l'océan - poisson rouge tournant en rond dans un bocal mais dont on assure qu'il ne s'en souvient pas - oiseau en cage - Je pourrais noircir des pages et des pages, surtout pour préciser que leur peine est quotidienne et à vie!
Les bourreaux, c'est vous, c'est nous, c'est ici ou juste à côté de chez nous, c'est à la une des journaux dans les bras d'une star!
Mais vous avez raison, les vingt dernières minutes de la vie d'un taureau de combat sont effroyables!